Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/66

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— Mon cher directeur, dit-il, nous ne songeons nullement à plaisanter, et les hommes que vous voyez là sont érigés en tribunal.

— En tribunal suprême, sans doute ? ricana le directeur.

— Justement.

— Et au-dessus des lois ?

— Au-dessus des lois de la République, mais côte à côte avec l’équité, dit Machefer.

— Et ce tribunal va me juger ?

— Oui.

— Me condamner ?

— Ou t’absoudre… cela dépend, dit Machefer.

— Mon cher baron, dit Barras d’un ton dégagé, je te serai bien reconnaissant d’abréger un peu toutes ces formules ampoulées…

Machefer haussa les épaules et ne répondit pas. Barras poursuivit :

— Je suis tombé dans un piège, je suis en votre pouvoir… Si vous devez m’assassiner, ayez au moins la galanterie de ne pas m’ennuyer de vos préparatifs.

Cadenet répondit :

— Nous n’assassinons pas, nous jugeons.

— Et vous condamnez ?

— Quelquefois.

Barras frappa du pied :

— Voyons, chers amis, dit-il, hâtez-vous un peu, je ne suis pas patient.

— Assieds-toi donc et écoute, dit Machefer.

Et appuyant ses deux mains sur les épaules de Barras, il le força à s’asseoir.