Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors un des hommes masqués se leva et dit :

— Citoyen Barras, vous avez été garde-du-corps ?

— Oui.

— Puis capitaine dans l’armée des Indes ?

— Oui.

— Ensuite député à l’Assemblée nationale ?

— Vous le savez aussi bien que moi.

— Puis encore un conventionnel ?

— Oui.

— Et vous avez voté la mort du roi ?

— J’ai agi selon ma conscience, dit Barras avec calme.

— Enfin, maintenant, vous êtes à la tête du Directoire, et il y a quelques heures à peine, vous étiez le premier personnage de France ?

Barras se tut.

— Citoyen Barras, continua l’homme masqué, comme gentilhomme apostat, comme conventionnel régicide, vous avez mérité la mort.

— Messieurs, dit Barras avec dédain, j’ai l’honneur de vous répéter que j’aimerais assez faire tout de suite connaissance avec vos poignards. Ces grandes phrases et ces semblants de justice pompeuse m’ennuient au suprême degré.

L’homme masqué poursuivit :

— Cependant, il serait pour vous un moyen de racheter vos fautes.

— Ah ! vraiment ? ricana le directeur.

— Voulez-vous rendre la France au roi ?

— Messieurs, dit froidement Barras, je crois que c’est un marché que vous me proposez…