Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/70

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Et croisant ses bras sur sa poitrine, il parut attendre la mort.

Alors le président du mystérieux tribunal se leva et dit :

— Messieurs, quel est, selon vous, le châtiment que mérite le citoyen Barras ?

— La mort, répondirent une à une onze voix.

Seuls, Cadenet et Machefer se turent.

Barras haussa les épaules et un dédaigneux sourire glissa sur ses lèvres.

Le président fît un signe.

À ce signe, la toile qui masquait le fond de la salle se souleva et monta vers le cintre comme un rideau de théâtre.

Et Barras, tout brave qu’il était, recula.

Il recula pâle et la sueur au front, car un hideux spectacle venait de s’offrir à lui.

Dans le fond de ! la salle, masquée jusque-là par un rideau, était une sombre et terrible machine élevée sur un tréteau de cinq ou six pieds de hauteur, et dressant jusqu’à la voûte deux bras rouges.

C’était une guillotine.

Une guillotine complète, avec sa plate-forme, sa planche faisant bascule, son couteau triangulaire suspendu au-dessus de la lunette, et auquel la lueur des bougies de la salle arrachait de sinistres éclairs.

Sur la plate-forme, un homme se tenait debout, masqué comme les juges, mais en manches de chemise et les bras nus.

C’était le bourreau.

— Citoyen Barras, dit alors le président, à qui l’émo-