Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/80

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— Je ne vous demande pas, poursuivit mademoiselle Lange, comment vous y avez échappé… Peu m’importe ! puisque vous voilà… Seulement, croyez-moi, soyez prudent… Adieu !…

— Comment ! dit Barras, vous me quittez ?

— Je pars.

— Vous quittez Grosbois ?

— Oui, mon ami. Il est cinq heures du matin ; j’ai répétition à midi, et je joue ce soir. Adieu… ou plutôt, tenez, donnez-moi le bras. Nous allons suivre cette allée qui mène à la grille, et vous me conduirez jusqu’à ma voiture.

Barras obéit.

Quelques minutes après, il ouvrait lui-même la portière du carrosse et y faisait monter mademoiselle Lange.

Au fond du carrosse était une grosse et grasse personne, entre deux âges, plus près de quarante ans que de trente, qui fit entendre un grognement de satisfaction en voyant arriver sa maîtresse.

— Ah ! Jeannette était avec vous, chère belle ? dit Barras, qui, après avoir refermé la portière, approcha sa tête du carreau.

— Je ne quitte pas ma maîtresse, dit la femme de chambre Jeannette.

— Jamais ? fit Barras en riant.

— Oh ! le moins possible…

— Et, dit mademoiselle Lange en souriant, elle fait bonne garde autour de moi.

— Ah ! vraiment.

— Et les amoureux ne s’approchent que respectueusement.