Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/84

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VIII

Mademoiselle Lange tressaillit en entendant frapper à la petite porte du jardin, et son front se colora d’une vive rougeur.

Mais elle n’hésita pas une seconde fois, et alla ouvrir.

Un homme entra comme un ouragan.

— Vite ! dit-il, on me suit.

Cet homme était enveloppé d’un manteau dont un pan, ramené sur l’épaule, lui couvrait une partie du visage.

Mademoiselle Lange referma précipitamment la porte.

Alors, le nouveau venu se débarrassa de son manteau, et la jeune femme lui jeta ses deux bras autour du cou, en disant :

— Tu veux donc me faire mourir ?

Il lui mit avec transport un baiser sur le front.

— Chère femme, dit-il, tu es bonne et dévouée… et je t’aime !

— Ah ! si tu m’aimais réellement, dit-elle, comme tu n’exposerais pas ta vie à chaque instant, mon Armand adoré ! car, vois-tu, poursuivit-elle avec animation, je sais tout, moi !…

— Tu sais… tout ?

— Oui, tout.

Il eut un fier sourire aux lèvres ; puis, il s’assit auprès