Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/85

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d’elle et promena sur son front blanc aux veines bleues ce regard mêlé de tendresse et de fatuité de l’homme qui se sent aimé.

— Eh bien ! dit-il, que savez-vous mon bel ange ?

— Je sais que tu es allé à Grosbois.

— Oui, certes ! je t’y ai vue…

— Oh ! moi aussi… et la peur m’a prise.

— Folle !

— La peur de la mort, mon Armand… J’ai senti mes jambes fléchir… un nuage a passé sur mes yeux…

— Et pourquoi donc cette angoisse, chère adorée ?

— Mais tu as donc perdu la tête, fit-elle naïvement, que tu me le demandes ?

— Mais non… au contraire !

— N’es-tu pas proscrit ?

— Peuh…

— Condamné à mort ?

— Tu vois pourtant que je me porte bien.

— Et si tu avais été arrêté à Grosbois ?

— Allons donc ! fit l’homme au manteau. Je n’étais pas seul, du reste.

— Oh ! je le sais.

Il lui prit la tête à deux mains et y déposa un nouveau baiser.

— Vous savez donc bien des choses ? dit-il.

— Je sais tout.

— C’est beaucoup, mon cher ange. Eh bien ! dis moi ce que tu sais.

— Tu le veux ?

— Mais sans doute ; parle.