— Eh bien ! vous vous êtes trompés.
— Je m’en aperçois depuis ce matin ; mais qu’importe ! nous triompherons sans lui.
— Que veux-tu dire, Machefer ? demanda mademoiselle Lange inquiète.
— Je veux dire, reprit le jeune homme avec animation, que le refus de Barras est l’étincelle qui va mettre le feu aux poudres d’une conspiration qui embrasera la France entière, — la France qui cherche et attend un maître… et qui, depuis trois ans, n’est gouvernée que par des valets !
— Mon pauvre Armand, dit mademoiselle Lange avec tristesse, je suis de ton avis, la France attend un maître, mais…
— Le maître, dit Machefer, c’est le roi Louis XVIII.
— Tu te trompes… je crois…
Machefer eut un rire ironique :
— Penserais-tu donc, dit-il, que c’est le citoyen Barras ?
La comédienne secoua la tête :
— Non, dit-elle.
— Alors… qui donc… oserait…
Mademoiselle Lange prit les mains de Machefer et lui dit :
— Ne me parlais-tu pas d’une conspiration.
— Oui.
— D’où part-elle ?
— De l’Est. Elle commencera à la Franche-Comté, s’étendra à travers la Bourgogne, remontera vers la Lorraine ; descendra aux rives de la Loire, et de là…
— De là, interrompit mademoiselle Lange, elle fera sa