Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/88

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jonction avec l’insurrection de l’Ouest, le Poitou, la Vendée et la Bretagne ?

— Oui.

— Ces trois provinces luttent énergiquement. Mais comment soulèverez-vous les autres, demanda la jeune femme.

Machefer répondit gravement :

— Ceci est un secret qui ne m’appartient pas.

— Garde-le donc, alors, fit-elle avec tristesse. Mais, au nom du ciel, au nom de notre amour… Armand… écoute-moi…

— Parle, dit Machefer avec tendresse.

— Les femmes, vois-tu, mon Armand adoré, ont une prescience de l’avenir qui échappera toujours aux hommes. Nous aimons plus que vous, nous sentons mieux que vous, nous voyons là où pour vous il n’y a que des ténèbres.

— Que veux-tu dire ?

— Je ne sais si vous réussirez à soulever une partie de la France, peu m’importe ! mais l’heure n’est point venue de renverser la République.

— Elle ne vivra pas six mois, dit Machefer avec conviction

— Tu te trompes, Armand.

— Quand le tronc est pourri, l’arbre tombe.

— À moins qu’on ne l’étaye…

— Et qui donc, aujourd’hui, oserait et pourrait l’étayer ? demanda Machefer avec dédain.

— Qui donc ? fit la jeune femme dont le beau et pâle visage prit une expression prophétique.

— Oui, qui donc ?