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I

Le pays où nous allons transporter maintenant nos lecteurs, est une contrée pittoresque et montagneuse, couverte de bois et de vignes, qui s’étend sur les deux rives de l’Yonne au-delà d’Auxerre, en remontant vers Clamecy.

C’est un pays broussailleux, sauvage, qui touche au Morvan et en a toute l’âpreté et tout le charme mélancolique.

Pays de braconniers et de chasseurs avant tout, terre insoumise que la loi n’a jamais effrayée, et qui, aux plus mauvais jours des révolutions, a su déployer pour le bien ou le mal une indomptable énergie.

C’est là que nous allons retrouver, à trois mois de distance, c’est-à-dire par un soir d’hiver de l’année 1796, quelques-uns des personnages entrevus dans le prologue de cette histoire.

Or donc, ce soir-là, un soir de décembre, triste et froid, comme le jour baissait et faisait place au crépuscule, un beau jeune homme, en veste de chasse, un fusil sur l’épaule, sortit des bois de Fouronne et se dirigea vers une cabane de bûcherons bâtie sur la lisière de la forêt.

Deux grands chiens ramoneaux, c’est-à-dire tachés de noir, de blanc et de feu le suivaient.