Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/95

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Le comte Henri était de taille moyenne et cachait, sous une apparence délicate, une énergie à toute épreuve, une force développée par les exercices du corps, et un courage léonin qui ne l’empêchait point de sourire comme une jeune fille.

— J’ai des nouvelles de ton loup, Henri, dit-il en venant prendre place auprès du feu.

— Tu l’as tiré ?

— Non, mais il est mort… C’est un fermier des environs qui l’a emporté.

Le comte Henri fronça le sourcil.

— Sais-tu quel est ce fermier ?

— Une femme qui ramassait du bois mort et qui lui a vu charger le loup sur sa charrette, m’a dit son nom, il s’appelle Brulé.

À ce nom, le bûcheron Jacomet fit un brusque mouvement.

— C’est le fermier du citoyen Solérol, dit le comte ; je connais Brulé, c’est un brave homme, il ne fera aucune difficulté de me rendre mon loup.

— Monsieur le comte a donc bien grande confiance dans Brulé ? fit Jacomet d’un air goguenard.

— Dam ! c’est un brave homme… Tout le monde le dit… Oh ! pour ça oui…

Et Jacomet eut un petit rire sec et nerveux.

— Je sais ce que je sais, dit-il. Enfin, suffit !

Tandis que le bûcheron parlait, l’officier le regardait attentivement.

— Ah ça, dit le comte, sais-tu, mon pauvre Jacomet, que tu es joliment mystérieux, aujourd’hui ?