Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/96

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— Moi, monsieur ?

— Tu parles d’incendiaires… tu prétends que Brulé n’est pas un honnête homme…

— Moi, monsieur ? je n’ai jamais dit cela.

— Mais tu crois aux incendiaires ?

— Comme au bon Dieu, à la Vierge et aux saints.

Le comte Henri haussa les épaules.

— Nous sommes, mon cher Victor, dit-il en s’adressant à l’officier, dans un singulier pays. C’est à qui tremblera plus fort… Le feu a pris à une ferme, on a brûlé, par imprudence, deux ou trois meules de blé, et voilà qu’on s’imagine qu’il y a des incendiaires organisés.

L’officier garda le silence.

— Qu’est-ce que tu penses de cela ? insista le comte.

— Mais je pense, répondit l’officier, que tu es d’un optimisme rare ou d’une ignorance profonde.

— Plaît-il ? fit le comte.

— Hé ! mon cher, continua l’officier, ne sais-tu donc pas que le département tout entier est en feu.

— Ma foi, non ! je ne lis pas les journaux, et je passe mon temps à la chasse.

L’officier retomba dans son mutisme.

Jacomet caressait sa barbe, en homme qui brûle d’être interrogé.

La jolie Myette était devenue triste et rêveuse.

Le comte reprit :

— Je veux bien qu’il y ait des incendiaires, mais jusqu’à présent, il paraît que je suis fort bien avec eux, car ils ne m’ont rien brûlé.