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4 NOUVEAUX SAMEDIS

cette magnifique conquête, avaient à la fois à s’excuser d’être héroïques et à se faire pardonner d’être vainqueurs !


Dès lors, on ne pouvait s’étonner que les beaux souvenirs de Staouè’li, deSidi-Khalef, de IaKasbah, estompés déjà dans le lointain, fussent amoindris et à demi effacés par les récentes victoires et les noms plus éclatants de l’Aima et de Malakoff. Tout contribuait d’ailleurs à cette erreur d’optique. Ceux de nos généraux qu’il était plus spécialement permis de désigner sous le titre d’Africains, Lamoricière, Changarnier, Bedeau, Cavaignac, rudement punis d’avoir cru à la République, et plus aisément désarmés par un coup d’État nocturne que par Abd-el-Kader, avaient fait place à un groupe non moins glorieux, non moins intrépide, aux Pélissier, aux Canrobert, aux Bosquet, aux Mac-Malion, qui nous apparaissaient, l’hiver suivant, dans les salons et même aux séances de réception de l’Académie française, fêlés, brillants, triomphants, presque jeunes, héros d’une nouvelle page historique à laquelle les tragiques réminiscences de la poésie et delà Fable, de la Tauride et de laColehide, ajoutaient un attrait romanesque. Tout concourait donc, en 1856, à démoder la campagne d’Alger en l’honneur de la prise de Sébastopol, et cela est si vrai que, malgré l’ardeur de ses opinions royalistes et de ses antipathies contre l’Empire, Alfred Nettement, au début de son livre, semblait le placer sous le patronage de nos nouvelles gloires : il