Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/18

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il NOUVEAUX SAMEDIS conquête d'Alger! — Ici, je code la parole à M. Camille Rousset : « Partout, nous dit-il, où la conquête n'a été que le triomphe de la force, la conscience humaine a protesté contre le conquérant. Combien de peuples ont disparu, qui n'avaient d'autre tort que leur faiblesse, et dont l'histoire, en ses arrêts, n'a jamais voulu dire qu'ils ont justement succombé ! D'autres, en ajoutant des fautes à leur impuissance, ont paru du moins provoquer leur malheur et fait hésiter longtemps la sentence du juge ; on ne saurait décider du premier coup s'ils n'ont pas mé- rité leur sort. Cène sont ni de tels problèmes, ni de telles protestations que soulève la conquête dont le récit va suivre. La France, conquérante d'Alger, n'attend pas qu'on la justifie. » Oui, mais elle attend qu'on la justifie d'avoir répondu par une odieuse révolution à an immense bienfait ; et elle attendra longtemps ! Au surplus, si la justification est impossible, l'expiation est effroyable. Tel est le caractère distinctif et, pour ainsi dire, uni- que, de la conquête d'Alger. M. Victor Cousin, dans un de ces paradoxes éloquents que l'éclat de sa parole et la vivacité de sa pantomime rendaient presque vraisembla- bles, nous disait, en 1828, en pleine Sorbonne, ce mot que j'ai déjà cité : « Il n'y a pas eu de vaincus à AVater- loo ! » en ce sens qu'un intérêt supérieur, collectif, hu- main, universel, dominait le champ de bataille et rache- tait les douleurs de la défaite en réintégrant l'avenir de