Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/19

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M. CAMILLE ROUSSET 7

la société et de la liberté modernes. C’était un peu raide ; les braves survivants de la vieille garde auraient eu le droit de répliquer en paraphrasant poliment la réponse fort peu authentique de Cambronne, et l’on pourrait aujourd’hui demander ce que la société et la liberté ont fait de cette sanglante rançon. Combien le mot serait* plus juste, appliqué à cette conquête que M. Camille Rousset nous raconte si bien, avec une telle sûreté d’informations, une telle sobriété de style, un sentiments’ ! profond d’équité, de respect et de patriotique gratitude, un don si naturel de narration claire et rapide, tant d’autorité et de compétence dans ses attributions d’historien militaire ! La guerre, telle qu’elle se pratique entre les peuples civilisés, a cela de cruel que l’homme animé du patriotisme le plus exclusif, souhaitant le plus ardemment le triomphe de son pays, est pourtant forcé de songer à cette quantité de braves gens qui ne lui ont fait aucun mal, qui ne sont pas, à proprement parler, ses ennemis, et qui vont périr pour une question de frontières, de territoire, de malentendu diplomatique ou de susceptibilité nationale. Il sait d’ailleurs, par de tristes expériences, que les dénouements, en pareil cas, ne sont que provisoires, que la victoire môme ne résoudra rien, que le pays conquis, humilié ou entamé, ne voudra guérir de sa blessure qu’après avoir pris sa revanche. Ici, rien de semblable. D’une part, le souverain d’un grand peuple, follement insulté par un chef de pirates