Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/20

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8 NOUVEAUX SAMEDIS

croisé de despote oriental, vengeant aveft lui, non seulement la France, mais l’Europe, mais le droit des gens, mais la sécurité du commerce, le repos de ce beau lac français qu’on appelle la Méditerranée, l’honneur de notre littoral, la civilisation, l’humanité et la justice, odieusement et impunément outragés depuis trois siècles. De l’autre, suivant l’expression de M. Camille Rousset, « une association de malfaiteurs, qui, pendant ces trois cents ans, se perpétuait avec la même audace et les mêmes crimes ». — La conquête d’Alger, dans un cadre d’or, avec un admirable assemblage d’énergie, de fermeté, de prévoyance, de hardiesse et d’héroïsme, peut être assimilée à une expédition gigantesque, dirigée contre une caverne de voleurs ou une troupe de brigands, qui détrousseraient indifïéremmentFrançaiset Allemands, Espagnols et Anglais, Russes et Portugais, et feraient du cosmopolitisme de brigandage. Je sais bien qu’il existe aujourd’hui des esprits avancés, enclins à prendre parti pour le voleur contre le volé, pour le meurtrier contre l’assassiné, pour le bandit contre le gendarme ; mais la République n’a pas encore promulgué de loi pour nous forcer d’être de leur avis.

Le livre de M. Camille Rousset est ce qu’il doit être, et je me hâte d’ajouter qu’il produirait bien moins d’effet, si l’auteur était plus engagé avec l’opinion royaliste, si telle ou telle page de ce récit trahissait une arrière-pensée de plaidoyer, si, entraîné par l’évidence ou par