Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. CAMILLE ROUSSET 9

de légitimes rancunes, réminent historien avait négligé le proverbial scribitur ad narrandum, non ad probandum. Il y a, Dieu merci ! des sujets où l’on prouve d’autant plus que Ton se borne à raconter. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, nous aurions assurément mieux aimé que M. Camille Rousset, si digne de réagir contre les erreurs ou les surprises de l’histoire contemporaine, si digne de n’accepter que sous bénéfice d’inventaire une légende envenimée par les passions libérales de 1830 et éloquemment réfutée par les nobles fils de M. de Bourmont, n’eût pas écrit : « Pour lui, c’était une nécessité fatale, un besoin d’expiation qui le poussait à y prétendre (au commandement de l’armée) : la tache de sa vie ne pouvait s’effacer que sous l’éclat d’un triomphe militaire. » — Mais cette concession presque inaperçue dans la trame du récit rend bien plus précieux, plus persuasifs et plus concluants les hommages définitifs, les témoignages pathétiques d’admiration, de respect et de regret que la vérité dicte à M. Rousset, et qu’elle n’a pas besoin de lui arracher. Après avoir cité la belle proclamation du 10 mai, il ajoute : « Cette proclamation produisit sur les troupes un excellent effet. En entendant un chef qu’elles avaient d’abord froidement accueilli chercher dans la grande expédition d’Egypte l’augure et le modèle de l’expédition d’Alger, en le voyant d’ailleurs appeler à lui quatre de ses fils et les associer au commun péril, elles se montrèrent satisfaites et prêtes ;> lui rendre la