Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/23

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M. CAMILLE ROUSSET 11

l’éclat de ce triomphe et la cruelle application du sic vos non vobis de Virgile ; la prise d’Alger payée par une confiscation de gloire, un changement de drapeau, une démission, un départ et un exil ! L’accent s’élève ou s’attendrit sans effort, sans déclamation, sans pastiche de Bos. suet, sans que l’écrivain cesse un moment d’être impartial ou impersonnel. — On sait que, dans le combat de Sidi-Khalef, le jeune lieutenant Amédée de Bourmont tomba frappécàboutportantd’une balle en pleine poitrine. Le lendemain, dans son rapport, le comte de Bourmont donnait seulement quelques mots, d’une simplicité touchante, à la douleur que son devoir lui imposait de contenir. — « Le nombre des hommes mis hors de combat a été peu considérable ; un seul officier a été blessé dangereusement ; c’est le second des quatre fils qui m’ont suivi en Afrique. J’ai l’espoir qu’il vivra pour continuer de servir avec dévouement son roi et la patrie. » — Et, quinze jours après, le 7 juillet : — « Des pères de ceux qui ont versé leur sang pour le roi et la patrie seront plus heureux que moi ; le second de mes fils avait reçu une blessure grave dans le combat du 24 juin... J’étais plein de l’espoir de le conserver : cet espoir a été trompé : il vient de succomber. L’armée perd un brave soldat ; je pleure un excellent fils. Je prie Votre Excellence de dire au roi que, quoique frappé par ce malheur de famille, je ne remplirai pas avec moins de vigueur les devoirs sacrés que m’impose sa confiance. »