Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/24

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12 NOUVEAUX SAMEDIS

N’est-ce pas digne de Plutarque ? D’un Plutarque français, royaliste, chrétien et soldat ? Oui, pour arriver à cette perfection de simplicité dans la douleur, de franchise dans l’abnégation, de fermeté dans le devoir, ce n’est pas trop de la quadruple alliance de l’inspiration monarchique, du sentiment patriotique, de la foi religieuse et de l’esprit militaire ; inspirations que le parti révolutionnaire ne connaîtra jamais, lui qui sacrifie sans cesse le patriotisme à l’égoïsme, l’intérêt du pays à la passion de l’individu, lui qui s’acharne contre la religion et favorise tous les dissolvants de la discipline ! Dites donc à un général républicain d’écrire une pareille lettre ! MM. Albert Grévy et Gambetta demanderaient des retouches, des surcharges ou des ratures ; quant à leurs disciples ou à leurs séides, telle est leur furie antichrétienne, qu’il ne leur suffit pas de marier civilement les vivants et d’enterrer civilement les morts ; l’Algérie elle-même, cette magnifique conquête de nos rois, ils l’ont condamnée à un enterrement civil ! Les dernières pages du livre sont peut-être les plus belles. On y sent, on y devine, à chaque ligne, cette émotion contenue dont je parlais tout à l’heure. C’est comme un adieu jeté, à travers l’espace et le temps, à cette armée que l’auteur qualifie d’admirable, et qui, en ce moment unique, dans ces jours sans lendemain, avait su fondre les éléments les plus divers de l’héroïsme guerrier : une splendide médaille militaire, sans un seul revers. Jamais officiers et soldats ne ressemblèrent moins