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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/168

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marylka

qui le mot bonheur ne s’appliquera donc jamais ?…

Ayant ordonné d’atteler il descendit. Comme il traversait la cour, il aperçut deux cosaques tenant par la bride un superbe alezan qui s’efforçaient, malgré les ruades de l’animal, de le faire pénétrer dans la grande salle enfumée du restaurant, où banquetait une bruyante troupe d’officiers. L’arrivée de l’animal fut saluée d’acclamations et de hourras ; un dragon ordonna aussitôt de lui verser, dans un seau de bois, force bouteilles de champagne, et tandis que le cheval, ahuri par cette boisson pétillante et inusitée, se cabrait, la bande de jeunes fous rangée en demi-cercle autour de lui se fit apporter flegmatiquement de grossière eau-de-vie.

Au milieu de la fumée épaisse, Voytek distingua son cousin. Il paraissait très animé. Un uhlan s’était mis à jouer une langoureuse valse de Tchaïkowski. Thadée se leva, empoigna une belle fille aux lèvres de carmin