Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/46

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plus triste maintenant quand, au trécarré, il entendrait ou les Mercier, ou les Bergeron, ou les Gendron, enfin, les voisins, envieux et jaloux, lui crier : « Hé là, André, pas encore à vendre, la terre du père ?… » Non, assurément, avec deux bons bras de plus pour la remuer, elle ne sera jamais à vendre, la terre du père !…

L’hiver passa.

Le jeune maître d’école de Tadoussac avait travaillé ferme depuis l’automne et il constatait avec fierté que ses élèves avaient fait des progrès remarquables. Plusieurs fois, durant l’hiver, il était retourné, les dimanches, aux Bergeronnes ; il avait revu Jeanne et avait bien hâte aux vacances prochaines.

Puis le printemps reparut.

Qui sait, dans quelques mois, Paul Duval allait peut-être dire adieux à sa rude vie de pédagogue. Et là-bas, de l’autre côté des montagnes, on tuerait le veau gras pour les noces et pour fêter le retour à la vieille terre paternelle, du fils prodigue qui l’avait, un instant délaissée….

Un matin, comme Paul Duval, qui allait bientôt commencer sa classe, se tenait debout, appuyé à son pupitre en attendant la rentrée de ses élèves, il vit apparaître à la porte la figure réjouie de la mère Thibault.

« Hé ! monsieur Paul, préparez-vous, voici ces « messieurs et dames » qui viennent vous voir !…

— Quels messieurs et quelles dames ? demanda le maître d’école visiblement contrarié.