Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/47

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— Mais, vous le savez bien ; ceux qui ont acheté la villa des B…

— Ah ! je ne savais pas… Mais que peuvent-ils bien me vouloir ?

— Chut !… les voici.»

Et la mère Thibault se rangea cérémonieusement du côté de la porte, ne sachant trop si elle allait rester là.

Un peu timidement, une jeune fille, grande et blonde comme les blés du père Jacques Duval, pénétra dans la pièce, suivie de deux hommes qui saluèrent courtoisement au passage la mère Thibault dont la face devint aussi rouge que les tomates dont elle allait assaisonner le ragoût du midi. Des deux hommes, l’un était un vieillard, sec, élégant, distingué ; l’autre un jeune homme au regard ironique et gouailleur, aux lèvres pincées sous une fine moustache frisée au petit fer, et porteur d’un binocle…

Le vieux monsieur se présenta à Paul comme le nouveau propriétaire de la Villa des B… John Harold Davis, de Montréal ; il était accompagné de sa fille, Blanche, et d’un ami de la famille, Gaston Vandry. Quand il eut donné ces détails, le vieillard s’assura pour la forme s’il était en présence du maître d’école de Tadoussac. Paul salua avec aisance et répondit dans l’affirmative.

« Vous pardonnerez notre indiscrétion, » dit M. Davis, en s’inclinant à son tour, « mais on nous a dit de fort bonnes choses sur votre compte… On nous a assuré, surtout, que vous connaissiez bien cette