Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/55

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tout Montréal. Blanche Davis, en effet, à cause de sa beauté, à cause de la fortune de son père, donnait le ton à toute la société de l’Ouest de la Métropole ; aussi, les prétendants à sa main d’héritière affluaient-ils. Elle était l’adoration de ses parents.

C’était pour Blanche que M. Davis venait d’acheter cette villa des B…, à Tadoussac. En vieux commerçant endurci et toujours resté un peu ladre, il avait d’abord hésité devant cette dépense inutile, mais, comme il s’agissait de donner un jouet à leur fille, madame Davis avait fermement tenu tête aux objections de son mari, et elle avait triomphé. Le jour où l’acquisition fut faite, Blanche fut heureuse et elle embrassa tendrement son père et sa mère. On lui avait donné un jouet et elle était contente.

Le printemps suivant, on s’embarquait à bord de l’un des somptueux palais flottants de la Richelieu & Ontario, pour la première villégiature à Tadoussac.

« J’ai bien hâte d’entendre, » disait Blanche, « l’effet que produit la musique de Mozart dans les montagnes des Laurentides… »

Pour cet été, on amena Gaston Vandry, le jeune homme au binocle. Il était le fils d’un grand importateur de vins français de Montréal, et héritier, lui aussi, d’une belle fortune. Gaston Vandry était, dans toute l’acception de l’expression, « un fils à papa », et il en était encore à apprendre la signification du mot travail. Depuis les quelque quatre années qu’il avait terminé dans un collège anglais, des études parfaitement médiocres, son temps s’était exclusivement