Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/66

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— Moi je trouve qu’il va faire une journée chaude, disait Vandry.

— Il fera chaud, en effet, affirma Paul Duval.

— C’est l’observatoire de Tadoussac qui le prédit, sans doute ? remarqua plaisamment le Montréalais.

— Effectivement, monsieur, répondit le maître d’école ; notre observatoire a enrégistré que les rossignols ont chanté très tard hier soir et qu’ils étaient perchés au sommet des arbres, bien en vue ; que les grenouilles sortaient de l’eau et coassaient avec volubilité tandis que les araignées travaillaient énergiquement ; que les moucherons et les cousins tourbillonnaient par bandes épaisses avant le coucher du soleil et que, la nuit venue, les vers luisants brillaient d’un éclat extraordinaire.

Voyez-vous, monsieur, continua Paul, nos paysans n’ont encore que ces moyens rudimentaires pour savoir le temps qu’il va faire et je vous dis qu’ils ne jugent pas plus mal que vos savants astronomes.

— Bravo ! s’écria la jeune fille ; vive les vieux-majors !…

— Et s’il avait plu aujourd’hui ? interrogea, un peu froissé, Gaston Vandry.

— Alors, on aurait vu, hier soir, les chiens gratter la terre, les chats se passer les pattes sur les oreilles ; on aurait vu pénétrer les chauves-souris dans les maisons ; les coqs eussent chanté plus tôt qu’à l’ordinaire ; on aurait entendu les corbeaux et les corneilles s’appeler par de grands cris et vu les oies et les canards s’a-