Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/67

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giter et plonger sans relâche dans leur étang… Vous auriez pu apporter votre parapluie, monsieur, si vous aviez observé, hier soir, que les hirondelles rasaient le sol pour chercher les insectes qui sont leur nourriture et qui descendent plus près de terre à l’approche de la pluie.

— Oh ! la belle montagne, s’écria tout-à-coup Blanche.

— C’est la Boule, répondit Paul Duval.

Assise sur sa base gigantesque et formant comme une sorte de cap, à l’extrémité d’une série de rochers et de pics qui atteignent souvent deux mille pieds de hauteur, la Boule se pelotonne jusqu’au milieu presque de la rivière ; elle en rétrécit le cours et y occasionne, au reflux des eaux, un remou contre lequel luttent souvent difficilement les petites embarcations. La Boule est de formation trappéenne comme la plupart des rochers du Saguenay, ce qui démontre l’origine ignée de cette partie du pays. Toute cette masse de granit brun est sillonnée dans tous les sens de larges bandes vertes de sapins et d’épinettes, ce qui provoqua chez Blanche Davis, cette heureuse comparaison qui enchanta l’instituteur :

« On dirait un gros œuf de chocolat ficelé de ruban vert… »

Puis l’on vogua longtemps dans l’infini du silence qui agrandissait toujours autour des excursionnistes, à mesure qu’ils remontaient la rivière, sa sphère mystérieuse. De chaque côté d’eux, des montagnes et toujours des montagnes se dressaient dans les attitudes