Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rait pu discerner si elle obéissait à la passion ou à l’habitude.

Tamisée par les ramilles, la clarté lunaire se posait sur elle, la dessinait, mettait des réveils sur la moire vivante de la chevelure et enveloppait l’oval pur du visage.

« Je sens, Blanche, que vous m’avez compris, continua l’instituteur, que vous avez deviné pourquoi je vous ai demandé de venir ici par la suavité de cette nuit visionnaire ; vous avez compris quel sentiment vous avez fait naître en moi et vous avez bravement accepté de venir… Je crois donc pouvoir espérer que mon amour trouvera dans votre cœur un écho, un faible écho. »

Elle répondit faiblement :

« Je suis venue, en effet, avec confiance parce que j’ai senti que vous m’aimez sincèrement et que…

— Et que ?

— Je vous aime aussi… »

Il y eut un silence.

Sur la pelouse brunie par les aiguillettes séchées des sapins, la clarté lunaire se diffusait, traçant sur le sol, la silhouette des arbres ; c’était une heure d’appaisement et de délices. Le mystère des âmes se dévoilait sous le mystère enveloppant des hauts feuillages d’où les lueurs stellaires gouttelaient çà et là ! Des grappes d’étoiles tremblaient dans la nuit, perdues au fond de l’azur qui blondoyait sous la lune montante…