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LE FRANÇAIS

pesant comme des balles… On aura une bonne récolte, je pense… Et puis, ça va bien, chez vous ?… As-tu des nouvelles de Jacques, André ?…

— Oui, je viens justement d’en avoir une lettre, à la poste, au village ; ça va pas « extra », vas !… Pauvre Jacques, il est quasiment toujours malade, asteur. Tu comprends c’est l’air qui manque… À part ça, il y a sa femme… Tu sais c’que c’est, ces filles des villes… C’est une dépensière sans bon sens ; elle lui mange tout c’qu’il gagne avec ses toilettes. Il peut pas suffire et j’ai été obligé d’lui envoyer encore de l’argent dernièrement.

— Mais pourquoi donc qu’il vient pas te trouver même avec sa femme ?

— Ah ! tu sais, il a son orgueil, Jacques. Quant à sa femme elle veut pas entendre parler de ça, ah ! non, par exemple… J’lui ai offert souvent de r’venir… Et icitte, ça va ?…

— Ah ! ça va qu’ç’en est une bénédiction. Marguerite, c’est une vraie mine de santé… tu sais, le p’tit va avoir bien vite un p’tit frère ou une p’tite sœur…

« S’ils sont tous comme ça, tu seras bien chanceux, Jean-Baptiste… Allô ! allô ? le p’tit ! »… fit André Duval avec un geste amical à l’enfant, « v’là un beau bébé, vrai !… »

Le petit, à ce moment, descendu de la clôture, se tenait assis sur le talus herbu de la route et arrachait à pleines menottes des poignées de trèfle d’odeur qu’il cherchait à lancer sur son grand-père.