I
SUR LE SAINT-LAURENT
ASCAL a dit quelque part : « Les fleuves sont des chemins qui marchent et mènent où l’on veut. » Le fleuve Saint-Laurent, aidé plus loin de son frère
le Saguenay, va nous conduire jusqu’à Chicoutimi, soit une distance de 250 milles à travers un merveilleux
pays.
C’est un clair matin d’été et le bateau vient de se détacher de ses quais de la Basse-Ville et de tourner majestueusement au milieu du fleuve ; maintenant fuit derrière nous la Basse-Ville avec sa sombre dentelure de quais, ses vastes hangars et ses gigantesques élévateurs pendant que la Haute-Ville, qui s’élevait tout à l’heure au-dessus de nos têtes, s’évase maintenant, s’aplatit derrière nous.
Nous voilà déjà à l’endroit que les navigateurs appellent Entre les deux églises. C’est un endroit dangereux pour les petites embarcations, à cause des courants du chenal du nord de l’Île d’Orléans et ceux du chenal du sud qui se rencontrent ici. Par les vents du Nord-Est, la mer devient très houleuse en ce lieu.