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le tour du saguenay

ché, à devenir pour cette dernière ville ce que Brooklyn est à la capitale commerciale des États-Unis ».

Il n’y a pas encore de pont de Brooklyn entre Québec et l’Île d’Orléans, mais cette dernière devient, d’année en année davantage, un lieu de villégiature pour les québécois.

Voici, en effet, que nous passons vis-à-vis le Bout-de-l’Île ou Sainte-Pétronille, ou encore l’Anse-du-Fort, endroit devenu un summer resort des plus à la mode, comme l’est également Saint-Laurent. C’est au Bout-de-l’Île, ou Anse-du-Fort, que furent découverts, en 1856, par M. N.-H. Bowen, les restes de l’ancien fort des Hurons qui vinrent se réfugier en cet endroit en 1651 : ils y vécurent d’abord de la charité des Français de Québec, puis des produits de la terre. Ils avaient fait la paix avec leurs ennemis les Iroquois, mais ils durent subir quand même bien des massacres de la part de leurs féroces ennemis.

Ce fut à l’Anse-du-Fort qu’ont été construits le Columbus et le Baron Renfrew, les deux plus gros navires dont l’histoire maritime fasse mention au Canada, après le Great Eastern ; le premier, qui jaugeait 6,000 tonneaux, fut lancé le 18 juillet 1824 ; le second, de 10,000 tonneaux, a été lancé l’année suivante. Ces deux bâtiments durèrent peu : le Columbus, après avoir traversé heureusement l’océan, se brisa en revenant au Canada : le Baron Renfrew périt dans la Tamise, l’année qui suivit son lancement. L’abbé Bois affirme que l’on avait construit ces vaisseaux dans le but de les défaire, dès leur arrivée en Écosse ou en Angleterre, et d’exempter de payer, par ce moyen, les droits sur les bois dont ils étaient construits. Mais ce plan fut déjoué