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Peter McLeod

Le plus souvent, ces hommes n’étaient ni des costauds à réputation d’assassins, ni des hommes mauvais, mais de braves travailleurs qui changeaient d’humeur et devenaient inconnaissables dès qu’on les prenait par la douceur…

Parmi ces groupes bruyants, on voyait, des fois, des hommes calmes, qui avaient conservé leur raison, des vieillards qui s’étaient dévolus à eux-mêmes la tâche souvent difficile de retenir les noctambules juste au bord du danger : et il faut dire à leur honneur qu’ils y réussissaient presque toujours.

Ceux-là, souvent, dans des situations particulièrement ardues, sentaient s’éveiller dans leur esprit simpliste l’idée de la hiérarchie et de l’autorité suprême comme une panacée au mal qu’ils voulaient arrêter. Alors, en toute confiance, tout bonnement, ils allaient trouver le “Boss”, Peter McLeod, et lui demandaient la protection de son autorité.

Peter McLeod, le plus souvent, était plus saoul que les autres…

Mais, devant cette marque de confiance que lui témoignaient des sages, il reprenait du coup conscience de son autorité, de sa loyauté et de sa responsabilité. Tout de suite, il y avait, chez lui, comme le « subridens » de l’antiquité. Il se sentait comme une subite inclination vers des dispositions meilleures :

« Vous allez voir ce que je vas en faire, ces fils de vache… Attendez !… »

Et une voix de stentor retentissait dans le magasin :

« Vous allez tous aller vous coucher, à présent, tas de brutes que vous êtes !… et que pas un seul ne dise