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Puyjalon

Pour un peu, on aurait placé sur la carte de cette contrée cette ancienne inscription : « Hic sunt leones » qui marquait la frontière des paysages inconnus des géographes. Mais pour Henry de Puyjalon, c’était une conquête toute palpitante et il en parlerait ensuite comme d’une maîtresse qui serait sa vie. Avant d’y entreprendre ses excursions pleines de pittoresque et d’imprévu, il aurait pu dire avec André Demaison : « Il est peu de choses au monde qui me donnent une émotion plus directe que l’abord d’un grand point géographique ».

Il devina les richesses que recélait ce territoire inconnu, ou plutôt méconnu, et il rêva d’en faire profiter, dans la mesure des moyens dont il pouvait disposer, notre pays. Mais devant les massacres, dont ses yeux furent d’abord les témoins attristés, parmi le peuple innombrable qui vivait dans les eaux, dans les forêts et sur les rochers, massacres perpétrés à ciel ouvert, en toute liberté et en toute impunité, il entrevit la fin de tout, si les autorités constituées ne venaient mettre fin à cet état de choses désolant, ou du moins, l’atténuer dans une certaine mesure.

Des lois, en effet, furent enfin passées qui mirent un peu d’ordre dans ce chaos où chasseurs bien intentionnés et bénévoles et massacreurs enragés et comme pris de folie, se débattaient sans jamais espérer savoir qui auraient finalement raison. Mais Henry de Puyjalon vit bien qu’il était un peu tard et que l’abondance ne reviendrait plus. Aussi pensa-t-il à recommander instamment la chasse et la pêche industrielles et commerciales. Ce fut là le « hobby » de la dernière partie de sa