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peu sont élus, d’autre part, il se forme une nombreuse population composée en partie de journaliers qui n’économisent rien et en partie de prolétaires qui ne gagnent jamais assez pour fournir à leur famille même les choses indispensables ; accroissement inquiétant pour la grande République et qui contrebalance puissamment les bienfaits apportés par la liberté de l’immigration européenne.

On ne réfléchit cependant à rien de cela. En chaque ville américaine on ne voit qu’une sirène enchanteresse qui nous fascine et nous subjugue. Villes de leurre et villes de loterie où l’on croit que chacun peut gagner le gros lot, où quiconque joue bien finit toujours par gagner ; villes de Cocagne, toutes, où il y a des avenirs tout faits que l’on n’a qu’à choisir ; terres promises qui ouvrent des horizons magnifiques à toutes les intelligences et dans toutes les directions ; vastes ateliers de civilisation où toute capacité, où tout talent trouve du travail et fait fortune ; océans où se fait chaque jour la pêche miraculeuse ; cités prodigieuses enfin, cités de prompts succès, et d’activité d’où, en un court temps, un homme entré en souliers éculés en sort dans un carrosse capitonné ; où, tout le jour, il pleut des pépites d’or mêlées aux scories des cheminées d’usines… Mais, aussi, il faut bien l’ajouter, villes d’illusions ! Illusions ruinées, bonheurs