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de plus charmant dans un luxe absolument illimité, et de ce monde que le vertige des affaires garrotte et emporte dans son tourbillon comme un mannequin…

Et en effet, la première fois que, poussé par la curiosité, il s’engagea en promenade un soir, sur la Cinquième avenue et Wall Street, l’enfer de l’or, il fut ébloui et la vue de toutes ces splendeurs lui fit mal, lui si petit, si misérable… Bien que décemment habillé, il rougit en passant devant ces riches villas, où des patriciennes de l’or prenaient le thé sur leur terrasse que l’approche du crépuscule enveloppait d’une poésie plus pénétrante et remplissait de mystère les quinconces ombreux sous lesquels l’eau chantait dans les vasques de jaspe. Son imagination se forgeait facilement tout le luxe et la splendeur de l’intérieur de ces somptueuses résidences… Puis, passent et repassent devant lui des jeunes filles élégantes laissant après elles des rires, de la fraîcheur et un parfum de violettes ; et il voit des jeunes gens, occupés tout le jour aux affaires et qui veulent un instant échapper au souci de l’or, le colossal souci, pour s’abandonner aux roueries du flirt, s’asseoir, suivant la coutume, le soir, près des jeunes beautés et les éventer de leurs éventails de plumes blanches, galamment escamoté, en leur débitant d’oiseuses paroles…

Toutes ces choses banales du grand mon-