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, il se raidissait contre l’ivresse, relevait la tête quand même, et sa figure montrait je ne sais quelle expression de tristesse et d’écœurement… Et, c’est quand il revenait dans sa chambre de ces parties de plaisir que le quartier où il logeait lui semblait plus triste ; qu’il songeait le plus à son village, à sa mère et à Jeanne pour lesquelles, alors, il se sentait un attendrissement infini ; qu’une envie forte de pleurer le prenait et que quelque chose comme une larme lui venait dans les yeux.

Vingt fois, il prit la résolution de ne plus boire, de ne jamais plus aller retrouver ses nouveaux compagnons. À vingt ans, quoi ! on est un grand garçon et il semble que l’on sente le besoin de devenir sage, quand on a succombé à l’attrait des plaisirs… Les quelques sous qu’il gagnait péniblement, ne pouvait-il donc pas en faire un meilleur usage ? pourquoi ne les amasserait-il pas pour retourner au pays ? Allait-il mourir ici ?… Oh ! non, non, pas cela !

Et puis, il en avait assez, à la fin, de ces scènes de cabaret tant de fois répétées déjà. Traîner ses nuits dans des bouges, au milieu de gens ivres, ivre soi-même ; risquer de se faire ramasser le lendemain dans les égoûts ; on se lasse, vraiment, à la longue, de ces plaisirs bas. D’ailleurs, les lendemains sont pénibles et se ressemblent tous.