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ce de ménage à laquelle il tenait le plus.

Pour comble de malheur, comme le vent soufflait en bourrasques, une étincelle, échappée du foyer de l’incendie, tomba sur la grange, éloignée de quelques pas de la maison seulement et remplie de toute la moisson de la saison. Impossible de rien sauver sans eau et avec cette rage de vent.

Tout fut détruit : maison, grange, écurie, chevaux, porcs, bêtes à cornes et moutons. En une heure, l’œuvre de toute une génération de travailleurs venait de s’effondrer…

Jacques Pelletier fut atterré par ce désastre subit, imprévu, auquel il n’aurait même jamais pensé. C’en était assez, vraiment. Tout à l’heure, riche cultivateur, il est obligé de demander aux voisins, à présent, l’hospitalité pour lui et sa famille.

Les paysans canadiens sont charitables et s’oublient volontiers pour secourir un frère dans la misère. Les voisins de Jacques Pelletier furent sublimes de dévouement et de charité. Dès le lendemain de l’incendie, ils dirent à Jacques : « Nous voici ; nous allons t’aider à reconstruire ta maison et ta grange. Faisons une « corvée » et, dans quelques jours, tu seras logé comme auparavant. »

C’est une vieille coutume de nos colons de s’entr’aider les uns les autres. Le colon est pauvre : quand une fois il a choisi son lot, il