Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —

humides et secoue les perles de rosée qui scintillent à la pointe des herbes ; elle chante dans le feuillage et s’unit au chant d’un oiseau qui, la voix ensommeillée, murmure sur son rameau de sapin, quelque chose de très doux…

Mais ni la chanson de l’oiseau, ni celle de la brise dans les feuilles, ni même les notes de l’angelus du matin qui, là-bas, de l’autre côté du bois s’égrènent, légères et joyeuses dans la campagne ajourée, ne peuvent distraire ses pensées dans lesquelles il semble absorbé, un jeune homme de vingt ans, robuste, bien fait, qui, depuis près d’une heure, se tient debout, appuyé à l’une des fenêtres de la ferme qui donne sur le jardin. C’est en vain aussi que le parfum de la vieille terre, fraîchement remuée, l’odor agri, monte vers lui. Et pourtant, ces senteurs de la grande nature, dont l’ensemble est si pénétrant et si subtile, l’homme les reconnaît et s’y plonge tout entier.

Mais ce matin-là, notre jeune homme préférait s’absorber dans de noires méditations et toute cette féerie de la nature, tous les mille objets qui la composent l’invitaient en vain à prendre part au concert d’amour et de reconnaissance au Dieu bon, leur créateur.

Un autre objet eut cependant le don de captiver bientôt son attention. La porte de la ferme du voisin d’en face s’ouvrit, et il en vit