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L’entreprise était hardie, téméraire. Il fallait des héros. Au premier appel, il s’en présenta des centaines. On n’en manquait pas en ce temps-là…

L’expédition devait prendre une route nouvelle, la route de terre, partant de Montréal, suivant d’abord la rivière des Outaouais jusqu’à la Baie James, en raquettes ou en canot, selon l’étât des lacs et des rivières. Mille milles dans ces conditions ! N’importe, il n’y avait pas à rire.

Mais à qui confier une pareille entreprise ? On cherche, on trouve.

« Pardieu ! » s’écria, un matin, après y avoir pensé toute la nuit, le sieur Jacques Brisay, chevalier, seigneur de Denonville, gouverneur et lieutenant général du roi au Canada, « Pardieu, le sieur Pierre de Troyes, chevalier comme moi, n’est-il pas là ?… »

Pierre de Troyes était arrivé à Québec avec M. de Denonville le 1er août 1685. Le roi comptait beaucoup sur lui ; et il n’avait pas tort. Il avait recommandé au gouverneur, par une commission spéciale en date du 5 mars 1685, de le nommer commandant d’une compagnie dans ses troupes.

C’était peu. Mais Pierre de Troyes, depuis son arrivée au Canada, attendait, observait. Il avait suivi d’un œil attentif les disputes des Anglais et des Français au sujet de la possession