Page:Pouchkine - Boris Godounov, trad Baranoff, 1927.djvu/149

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peut mettre le sang en feu ; mais conserve toujours ta sainte pureté, ton innocence et ta fière pudeur ! Celui qui mène une jeunesse dépravée et s’adonne aux plaisirs coupables deviendra, dans son âge mûr, un homme sombre et sanguinaire et d’esprit affaibli. De ta famille reste toujours le chef ; honore ta mère, mais sache imposer ta volonté, car tu es homme et tsar ; aime ta jeune sœur dont tu es l’unique protecteur.

FÉODOR, (à genoux)

Non, ne meurs point, et règne encore de longues années ; le peuple et nous, sans toi, nous périrons.

LE TSAR

Tout est fini ! Ma vue s’obscurcit, je sens en moi le froid de la mort…

(Entrent le Patriarche, le clergé, suivis de tous les boyards. On soutient la tsarine ; le tsarewitch sanglote.)

Qui est là ? Ah oui ! ce sont les Sacrements. L’heure a sonné : le tsar va devenir moine, l’obscure tombe sera ma cellule. Attends un peu, saint père Patriarche, je suis encore le tsar. Écoutez tous, boyards : voici celui qui doit me succéder. Prêtez serment à Féodor… Basmanov, mes amis… Devant la mort, je vous conjure de le servir loyalement !