Aller au contenu

Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Près de cette tombe, lorsque la pluie du printemps arrose l’herbe des prairies, le berger chante la romance des Pêcheurs du Volga, en tressant sa chaussure d’écorce. Près de cette tombe s’arrête, en traversant seule, à cheval, les champs solitaires, la jeune fille qui a quitté la ville pour passer l’été à la campagne. Elle retient son coursier, puis, écartant son voile, elle lit d’un regard rapide la simple épitaphe, et sent une larme mouiller ses yeux.

Elle reprend ensuite, au pas, en silence, plongée dans une rêverie profonde, son chemin à travers la plaine immense. Longtemps son âme reste involontairement remplie du souvenir de Lensky ; elle se dit : « Qu’est devenue Olga ? A-t-elle longtemps souffert, ou bien ses larmes se sont-elles vite séchées ? Et sa sœur, où est-elle maintenant ? Et cet ennemi des hommes et du monde, l’Adonis à la mode, le sombre original, le meurtrier du poète, où est-il ? »

Je répondrai en détail à toutes ces questions,


mais non pas immédiatement, quoique je sois, croyez-le bien, fortement attaché à mon héros.

Les années, voyez-vous, lecteur, nous inclinent