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Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/185

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Les cuisiniers apprêtent le déjeuner, les kibitki[1] sont tellement chargées qu’elles ressemblent à des montagnes, les servantes et les cochers se querellent, le postillon à longue barbe enfourche une cavale, hérissée et maigre ; les domestiques font cercle à la porte cochère pour prendre congé de leurs maîtres. Enfin, Tatiana et sa mère ont pris place dans le respectable véhicule qui doit les transporter à Moscou. L’essieu crie en glissant hors des portes.

« Adieu, retraite paisible ! adieu, asile solitaire ! vous reverrai-je jamais… ? » Et un ruisseau de larmes coule des yeux de Tatiana.

Lorsque la civilisation sera plus avancée (dans 500 ans, d’après les calculs des philosophes), il viendra une époque où de grands changements s’opéreront dans nos chemins. Des chaussées réuniront les différents points de la Russie et faciliteront les transports ; des ponts de fer seront jetés sur les rivières, les montagnes seront percées, nous creuserons sous les eaux des routes audacieuses, et le paysan établira un restaurant à chaque station nouvelle.

  1. Chariots.