lonne et se hâte ainsi vers le tombeau où reposent
déjà ses ancêtres. Notre tour viendra ; un jour nos
petits enfants sembleront nous dire : « Que fais-tu
dans ce monde ? »
En attendant, amis, videz à longs traits la coupe
du banquet de cette courte vie ! — J’ai compris la
fragilité de nos jours et je sens qu’aucun lien ne
m’y rattache ! De leurs brillants fantômes j’ai détourné
mon regard ;… et cependant, mon cœur
s’ouvre parfois à un lointain espoir… Il me serait
douloureux de quitter la terre sans y laisser de
trace. Le but de ma vie et de mes vers ce n’est
point la louange, mais c’est le désir de laisser après
moi une voix, une seule, qui, comme un ami fidèle,
conserve ma mémoire !
Peut-être cette voix touchera-t-elle une âme ; peut-être mes chants, victorieux de l’oubli, seront-ils conservés ! Peut-être !… séduisant espoir !… la postérité, montrant mon portrait orné d’une couronne, dira-t-elle : « Ce fut un grand poète ! »
Reçois donc, à l’avance, mes remercîments, disciple d’Apollon, ô toi qui conserveras mes légères créations, et dont la main bienfaisante caressera les lauriers du vieillard !