Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/89

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— Ah ! ma bonne, ma bonne, je suis bien triste ! Je souffre, les pleurs m’inondent, les sanglots m’oppressent.

— Tu es malade, mon enfant. Que le Seigneur soit avec toi, qu’il te garde et te protège !….. Que veux-tu, dis-moi ?… Laisse-moi jeter sur toi l’eau bénite… tu es toute brûlante.

— Je ne suis pas malade, je… sais-tu, ma bonne ?… j’aime !

— Mon enfant, mon enfant, que Dieu te soit en aide ! »

Et la vieille bonne, de sa main ridée, faisait le signe de la croix sur le front de la jeune fille, en balbutiant une prière.


« J’aime ! » murmura de nouveau Tatiana à l’oreille de la vieille.

« Ma chère âme, je suis sûre que tu es malade !

— Laisse-moi, j’aime. »

Et durant ce dialogue, la lune brille au ciel et ses rayons font ressortir le pâle visage de Tatiana, encadré dans ses cheveux flottants et tout baigné de larmes : assise sur un banc se tient la servante, la tête enveloppée d’un châle, d’où s’échappent quelques mèches de cheveux gris.