Tatiana, les yeux fixés sur l’astre des nuits, se livre à une rêverie silencieuse. Soudain une pensée frappe son esprit.
« Va-t-en, laisse-moi seule, ma bonne. Donne-moi une plume et du papier, et approche la table. Je me coucherai bientôt ; adieu ! »
La jeune fille est seule ; tout est tranquille autour
d’elle. Le front penché sur son bras, ayant toujours
devant les yeux la chère image d’Onéguine,
elle confie au papier les aveux d’un amour ingénu.
Voilà la lettre finie, elle est pliée… Tatiana, Tatiana,
pour qui donc est-elle ?
J’ai connu des beautés inaccessibles et étonnantes, froides comme la glace d’un jour d’hiver et chastes comme une malade. J’admirais leur orgueil, leur vertu naturelle, mais je les fuyais, je l’avoue, croyant lire sur leurs fronts l’inscription de l’Enfer :
Malheureux celui qui les aimera ; elles prendront
plaisir à le tourmenter. — Peut-être avez-vous vu
des femmes de ce genre sur les bords de la Néva ?
J’en ai rencontré d’autres, bizarres et orgueil-