Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gracieux, ce langage ardent d’un cœur éperdu, si entraînant et si dangereux tout à la fois ?… Je ne sais ! Mais voici la traduction incomplète, la pâle copie d’un tableau animé où Freyschutz est joué par de timides écoliers.


Lettre de Tatiana à Onéguine.

« Je vous écris… que puis-je faire de plus ?… Maintenant, je le sais, vous pouvez m’accabler de votre mépris ;… mais non, vous aurez pitié de mon malheureux sort, et vous ne me rejetterez pas !

» D’abord je voulais garder un silence éternel. Jamais vous n’eussiez connu ma faiblesse et ma honte, si j’avais pu conserver l’espoir de vous voir, rarement, une fois par semaine, pour entendre votre voix, pour vous dire un mot, puis nourrir nuit et jour ma pensée de votre souvenir jusqu’à une nouvelle rencontre ! — Mais on dit que vous fuyez le contact des hommes, que l’ennui vous poursuit toujours, jusqu’au fond de la campagne ! et nous, nous n’avons à vous offrir qu’une amitié simple et cordiale…

» Pourquoi êtes-vous venu dans notre maison ? Au fond de notre village, je ne vous aurais