Page:Pouget - La Confédération générale du travail, 1908.djvu/27

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conception à une transformation qui laisserait subsister le salariat ; les producteurs seraient encore des salariés, mais, au lieu d’être à la solde de patrons individuels, ils seraient les salariés de l’État, devenu l’organe représentatif de l’ensemble de la société et faisant face, désormais, à toutes les fonctions sociales, — production, distribution, etc.

Différant de cette conception étroite et centraliste, l’idéal posé par la Confédération condense toutes les aspirations de transformation sociale, et c’est cela qui lui donne physionomie à part, et la place au-delà des diverses écoles. On peut même reconnaître qu’elle dépasse celles-ci — quelles qu’elles soient, — en vigueur révolutionnaire, attendu qu’en elle l’acte s’allie à la pensée, puisque, dans le milieu actuel, elle constitue non seulement la force destructive de la société capitaliste, mais encore féconde et réchauffe l’embryon de la société transformée.

Ce qui concourt à donner à la Confédération sa puissance de pénétration et de rayonnement, c’est que, de cet idéal dont elle jalonne la route de l’avenir, elle ne fait pas un indispensable acte de foi ; ce n’est pas un « credo » qui ouvre la porte des syndicats aux travailleurs qui le formulent et le ferment à ceux qui s’y refusent. Ce serait alors glisser dans les agglomérats d’opinion, avec lesquels la Confédération n’a ni rapports ni contacts. Une seule condition est nécessaire pour entrer au syndicat : c’est d’être un salarié, un exploité. Le travailleur est instinctivement conduit à s’y affilier dès qu’il sent peser sur ses épaules le joug de l’exploitation et que sa conscience, jusque-là somnolente, s’éveille. Peu importe alors ses conceptions philosophiques et même ses croyances religieuses. Le principal est qu’il vienne au syndicat. Une fois-là, avant qu’il soit longtemps, il dépouillera