le terrain économique, sans qu’il soit besoin qu’intervienne aucune idée préconçue, ce sont des intérêts qui sont en jeu ; et tous les ouvriers qui ont des intérêts identiques à ceux débattus dans ce groupement peuvent s’y affilier, sans qu’ils aient à faire connaître quelles sont leurs conceptions en matière philosophique, politique ou religieuse.
Une caractéristique du syndicat, sur laquelle il est nécessaire d’insister, est qu’il ne limite pas son action à revendiquer uniquement pour ses membres ; il n’est pas un groupement particulariste, mais profondément social, et c’est pour l’ensemble de la corporation qu’il combat. Par là même ne préside à sa coordination aucune pensée d’étroit égoïsme, mais un sentiment de profonde solidarité sociale ; il manifeste, dès l’origine, les tendances communistes qu’il porte en soi et qui iront en s’accentuant, au fur et à mesure de son développement.
On sait que les syndicats ne sont pas de création récente, quoique la loi qui règle leur existence ne remonte qu’à 1884. Longtemps avant, malgré l’interdiction légale il s’en était constitué. Et c’est parce que, en fait, les syndicats avaient conquis leur place au soleil que l’État s’est avisé de leur reconnaître une existence légale ; il a sanctionné ce qu’il ne pouvait empêcher. Il l’a fait, d’ailleurs, avec l’arrière-pensée de canaliser et d’énerver cette force ouvrière.
Ces préoccupations gouvernementales n’échappèrent pas à la clairvoyance des travailleurs. Aussi, dès l’abord, ils accueillirent avec répugnance et suspicion la loi nouvelle, se refusant à remplir les formalités exigées. Depuis lors, cependant, la plupart des syndicats qui se fondent ne se constituent plus en marge de la loi. Certes, il y a dans ce fait un peu d’accoutumance ; cependant, cela ne signifie