Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/15

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Si cette tactique a donné déjà des résultats, pratiquée sans esprit de suite, que ne donnera-t-elle pas le jour où elle deviendra une menace continuelle pour les capitalistes ?

Et ne croyez pas, camarades, qu’en remplaçant le travail à la journée par le travail aux pièces, les patrons se soient mis à l’abri du sabotage : cette tactique n’est pas circonscrite au travail à la journée.

Le sabotage peut et doit être pratiqué pour le travail aux pièces. Mais ici, la ligne de conduite diffère : restreindre la production serait pour le travailleur restreindre son salaire ; il lui faut donc appliquer le sabotage à la qualité plutôt qu’à la quantité. Et alors, non seulement le travailleur ne donnera pas à l’acheteur de sa force de travail plus que pour son argent, mais encore, il l’atteindra dans sa clientèle qui lui permet indéfiniment le renouvellement du capital, fondement de l’exploitation de la classe ouvrière. Par ce moyen, l’exploiteur se trouvera forcé, soit de capituler en accordant les revendications formulées, soit de remettre l’outillage aux mains des seuls producteurs.

Deux cas se présentent couramment : le cas où le travail aux pièces se fait chez soi, avec un matériel appartenant à l’ouvrier, et celui où le travail est centralisé dans l’usine patronale, dont celui-ci est le propriétaire.

Dans ce second cas, au sabotage sur la marchandise vient s’ajouter le sabotage sur l’outillage.

Et ici nous n’avons qu’à vous rappeler l’émotion produite dans le monde bourgeois il y a trois ans, quand on sut que les employés de chemin de fer pouvaient, avec deux sous d’un certain ingrédient, mettre une locomotive dans l’impossibilité de fonctionner.

Cette émotion nous est un avertissement de ce que pourraient les travailleurs conscients et organisés.

Avec le boycottage et son complément indispensable, le sabotage, nous avons une arme de résistance efficace qui, en attendant le jour où les travailleurs