Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/17

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Je sais bien que si je précisais, on pourrait me demander si j’ai le droit de faire telle ou telle chose : mais, si l’on continuait à ne faire que ce qu’il est permis de faire on n’aboutirait à rien.

Lorsqu’on entre sur la voie révolutionnaire, il faut le faire avec courage, et quand la tête est passée, il faut que le corps y passe.

De chaleureux applaudissements soulignèrent le discours du délégué de la Fédération du Livre et, après que divers orateurs eurent ajouté quelques mots approbatifs, sans qu’aucune parole contradictoire ait été prononcée, la motion suivante fut adoptée à l’unanimité :

Le syndicat des Employés de commerce de Toulouse invite le Congrès à voter par des acclamations les conclusions du rapport et à le mettre en pratique à la première occasion qui se présentera.

Le baptême du sabotage ne pouvait être plus laudatif. Et ce ne fut pas là un succès momentané, — un feu de paille, conséquence d’un emballement d’assemblée, — les sympathies unanimes qui venaient de l’accueillir ne se démentirent pas.

Au Congrès confédéral suivant, qui se tint à Rennes en 1898, les approbations ne furent pas ménagées à la tactique nouvelle. Entre les orateurs qui, au cours de la discussion prirent la parole pour l’approuver, citons, entre autres, le citoyen Lauche, — aujourd’hui député de Paris : il dit combien le syndicat des Mécaniciens de la Seine, dont il était le délégué, avait été heureux des décisions prises au Congrès de Toulouse, relativement au boycottage et au sabotage.

Le délégué de la Fédération des Cuisiniers se tailla un beau succès et dérida le Congrès, en narrant avec humour le drolatique cas de sabotage