Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/18

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suivant : les cuisiniers d’un grand établissement parisien, ayant à se plaindre de leur patron, restèrent à leur poste toute la journée, fourneaux allumés ; mais, au moment où les clients affluèrent dans les salles, il n’y avait dans les marmites que des briques « cuisant » à grande eau… en compagnie de la pendule du restaurant.

Du rapport qui clôtura la discussion — et qui fut adopté à l’unanimité, — nous extrayons le passage suivant :

… La Commission tient à indiquer que le sabotage n’est pas chose neuve ; les capitalistes le pratiquent, chaque fois qu’ils y trouvent intérêt ; les adjudicataires en ne remplissant pas les clauses de bonne qualité des matériaux, etc., et ils ne le pratiquent pas que sur des matériaux : que sont leurs diminutions de salaires, sinon un sabotage sur le ventre des prolétaires ?

Il faut d’ailleurs ajouter que, instinctivement, les travailleurs ont répondu aux capitalistes en ralentissant la production, en sabotant inconsciemment.

Mais, ce qui serait à souhaiter, c’est que les travailleurs se rendent compte que le sabotage peut être pour eux une arme utile de résistance, tant par sa pratique que par la crainte qu’il inspirera aux employeurs, le jour où ils sauront qu’ils ont à redouter sa pratique consciente. Et nous ajouterons que la menace du sabotage peut souvent donner d’aussi utiles résultats que le sabotage lui-même.

Le Congrès ne peut pas entrer dans le détail de cette tactique ; ces choses-là ne relèvent que de l’initiative et du tempérament de chacun et sont subordonnées à la diversité des industries. Nous ne pouvons que poser la théorie et souhaiter que le sabotage entre dans l’arsenal des armes de lutte des prolétaires contre les capitalistes, au même titre que la grève et que, de plus en plus, l’orientation du mouvement social ait pour tendance l’action directe