Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
IDYLLE SAPHIQUE

gard, une beauté qui vibre, qui frappe et intéresse ! Ah ! Nhine ! toi qui ne blesserais pas une fleur, seras-tu toujours cruelle pour mon âme qui va vers toi ? Laisse-toi aimer, Nhine ! Révolte-toi aussi contre les lois humaines… cela te lavera des anciennes flétrissures… ne te trompe pas toi-même, en disant à ton esprit affamé de chimères que tu es repue, sinon satisfaite, et méprise les hommes, ces impitoyables bourreaux de l’âme douce et chercheuse d’illusions qui éclaire ta radieuse enveloppe ! Ceux-là ne sauront jamais assouvir tes aspirations vers le Beau, vers l’Idéal, vers la complète satisfaction, Nhine ! Les entendras-tu un jour, les sentiras-tu enfin ces prières de mon Être vers toi ?… Ah ! je rêve d’une union si entière et tellement sublime, qu’elle effacerait ce que l’esclavage de nos sens pourrait encore offrir de terrestre et d’humain ! Mes désirs, mes pensées s’extasieraient en adoration vers toi, immatérielle et frissonnante ! Nhine ! dis-moi que tu seras mienne… et pour toujours !

Grisée des enivrantes paroles, en folie, Annhine lui répondit doucement :

— Oui, toute !… Comme tu le voudras et tant que tu le voudras !

Puis, sans souci de ce monde qui les entourait, elles s’unirent longuement en un doux baiser où elles se donnaient entièrement l’une à l’autre.

— Ah ! Nhine ! l’idée de mon bonheur m’affole. Ma Nhine, je t’aimerai d’un amour idéal et unique,