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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/184

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IDYLLE SAPHIQUE

les bras et les agitant loin devant elle, elle sembla vouloir écarter d’invisibles ennemis.

— Oh ! qui est là ?… Où suis-je ?… Que s’est-il donc passé ?…

— C’est nous, ma Nhine, ma chérie,… et ils se pressaient autour d’elle, inquiets et rassurants. Tu as fait un vilain rêve, pauvre petite. Ne crains rien, tout cela est fini. Tout ira bien désormais et nous ne te quitterons plus.

Elle entendait à peine leurs voix. Ses oreilles bourdonnaient. Elle respirait mal.

— Je vous vois ! Oh ! ne me laissez pas !… Tesse ! Henri !… Que m’est-il arrivé ?

— Chut !… et Tesse posa un doigt sur ses lèvres. Tais-toi, chérie, ne parle pas, je vais te dire. Tu as eu une forte émotion et ton cœur s’est forcé. Tu as eu un arrêt. Ah ! tu nous as fait bien peur !… C’était en dansant, au bal… et puis une farce abominable, une vilaine farce de carnaval, qui s’est jouée devant toi.

Elle la ménageait, remettant à plus tard le soin pénible de lui rappeler la triste vérité.

— Ah ! oui !… Annhine se souvenait maintenant. Alors ?… C’était une farce ?…

— Mais oui !… Une comédie stupide en tout cas. Nhinon, tu es fragile, si fragile ! On va bien te remettre et sitôt que tu seras sur pied, nous t’enlevons, Henri et moi, c’est décidé ! On partira chercher du calme et du soleil, là-bas, en Italie… justement